En partant du point de vue des parents, cette thèse en sciences de l’éducation étudie la transmission familiale du breton, dans un contexte de revitalisation linguistique qui fait suite à la rupture quasi totale de la transmission intergénérationnelle dans les années 1950. Une enquête de terrain, auprès de parents bretonnants âgés de 23 à 48 ans en 2018, constitue la base de cette recherche et a permis de récolter de nombreuses données qualitatives et quantitatives, issues de 50 entretiens semi-directifs et de deux questionnaires (450 répondants pour l’un et 306 pour l’autre). Elle met en lumière la diversité des stratégies familiales de transmission de la langue bretonne, en termes de communication parent-enfant et d’environnement, allant de pratiques de transmission forte, très volontaristes, à des pratiques de transmission faible, voire inexistante. Elle souligne par ailleurs leur caractère dynamique, souvent dans le sens d’un affaiblissement de la transmission au fur et à mesure que l’enfant grandit. L’analyse des choix linguistiques des parents fait apparaître l’influence de nombreux facteurs qui relèvent de l’environnement (famille, école, travail), du contexte de l’interaction (conjoint, enfant, présence d’un tiers) et du parent locuteur lui-même (socialisation langagière, genre, sentiment de compétence), qui se combinent entre eux dans une configuration singulière permettant ou non la transmission linguistique. Les parents transmetteurs font état des enjeux à la fois éducatifs, personnels, familiaux, culturels et politiques, qu’elle porte en elle. La thèse se termine par une série de préconisations pour une potentielle future politique linguistique en faveur de la transmission familiale du breton.